Sophrologie - Exercer notre liberté sur nos habitudes pour créer un changement de vie.
- Isabel Favre
- 4 févr. 2024
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 août

Le choix
Le choix se présente toujours à nous, mais c’est la possibilité de l’exercer qui ne nous est pas toujours donné - pas tant du fait des circonstances mais de l’opacité de notre conscience. La démarche phénoménologique existentielle propose de rechercher la liberté par la libération des conditionnements négatifs, des a priori, des images mentales, des représentations sibyllines qui voilent la conscience et empêche l’exercice sa propre liberté.
En ce sens, l’expérience nous prive de liberté puisqu’elle nous conditionne. Notre propre interprétation de cette expérience, s’effectuant dans un arrangement avec nous-mêmes et voile doublement notre conscience.
À l’expérience naturelle de celui qui croit qu’il sait, il nous faut donc substituer une expérience de libération beaucoup plus radicale et profonde. Cette expérience de libération de la conscience, par la voie phénoménologique, nous conduit à une conscience libre - bien différente de l’illusion de liberté d'une conscience opaque, qui croit faire un choix en adoptant quelques a priori institués en opinion.
La valeur de la liberté est donc cette attitude qui permet d'accéder à une conscience libre, débarrassée de ses entraves, libérée de ses contenus. Nous ne sommes peut-être pas très loin, sur le plan philosophique, de la conscience pure de Husserl. Mais c’est aussi une responsabilité d’être, de vivre et d’exister par questionnement, intuition et regard sans cesse renouvelé. Cette responsabilité fait partie du devoir de l’homme vis-à-vis de son être.
Entendement et volonté
Tout choix - petit ou grand - à nécessité au préalable d'une décision faite avec l’entendement. L'entendement est nécessaire pour pouvoir exercer notre liberté.
L’entendement
C'est la raison humaine : la capacité de comprendre, de juger, de comparer et de déduire. Pour être libre, nous devons être conscients de ce que nous voulons.
L’entendement donne la direction, et la volonté qui est de l’énergie en puissance, le moteur qui nous conduit vers ce que l’entendement juge bon. Ainsi se manifeste le libre arbitre : nous avons une libre disposition de nos volontés. Nous pouvons donc orienter cette énergie grâce à notre entendement pour développer notre liberté.
Bossuet écrit : « Le libre arbitre est la puissance que nous avons de faire ou de ne pas faire quelque chose ».
La volonté
Cette capacité de volonté, rend possible la réalisation de nos actes. La volonté est le moteur qui nous conduit vers ce que l’entendement juge bon. Si nous avions seulement l’entendement, sans volonté, tout resterait à l'état d'idée.
La liberté du vouloir
Pour Platon, « un tyran ne saurait être libre bien qu’il exerce sa puissance sur les autres hommes. En effet, il fait ce qui lui plaît mais ne fait pas ce qu’il veut car il agit sans discernement et se laisse conduire par ses désirs ». Il n’est donc pas libre, mais esclave de ses désirs.
Il n’y a pas de liberté quand la volonté se détache de l’entendement.
Mais pourquoi la volonté ne suit-elle pas toujours l’entendement ?
Parfois, nous décidons de faire ce qui nous plaît à court terme, sans regarder les conséquences à long terme.
D’un côté, il y a l’énergie biologique, qui influence fortement notre entendement et notre volonté. De l'autre, il y a l’énergie émotionnelle, d'une nature différente : lorsque notre corps nous réclame de manger, par exemple, c’est une impulsion physique ; quand une émotion nous pousse à le faire, c'est une autre forme d'énergie, elle aussi en puissance, qui va influencer l’entendement dans la prise de décision.
Notre entendement et notre volonté sont influencés par la façon dont nous pensons.
L'entendement peut être ébloui ou brouillé par nos préoccupations, nos préjugés ou nos obsessions. Un entendement ainsi altéré peut modifier le court de nos décisions.
En plus nous sommes influencés par le monde extérieur.
Il n’y a pas seulement le monde intérieur mais aussi là où nous vivons : nous nous imprégnons des valeurs de notre environnement. Dans la société actuelle, la commodité, le stress, l’ambition, l’hédonisme, la relativité et le matérialisme influencent nos décisions, nos sentiments et notre corps.
La sophrologie caycédienne

Il s’agit alors d’établir un équilibre entre ces énergies : biologique, émotionnel et de la volonté avec l’entendement.
1) Si nous prenons soin de notre corps, il nous fournira l’énergie et la santé nécessaires pour exercer notre liberté. Nous agissons alors sur le système végétatif, en équilibrant nos besoins biologiques.
2) Si nous prenons soin de nos émotions, en régulant les négatives et en renforçant les positives comme l'espoir ou l'amour, l’exercice de notre liberté nous apportera de la paix. Et cette paix a une influence directe sur l'entendement.
En agissant sur nos émotions et en développant les positives par la répétition, selon le principe de l’action positive appliqué dans l’entrainement sophrologique, nous devenons peu à peu plus sereins et plus en accord avec nous-mêmes.
Bien sûr, nous sommes des êtres humains : il est normal d'être parfois contrarié ou triste. Mais ces états ne prennent plus toute la place : il y a un moment pour les vivre et les exprimer, sans envahir notre existence.
3) Si nous prenons soin de notre entendement, s'il n'est pas ébloui ni altéré par les émotions ou caprices, alors il reste clair et l'exercice de la liberté nous conduit vers le bien. Quand nous avons cette paix physique, cette paix émotionnelle et mentale, l’esprit devient plus lucide et calme.
Dans cet état, au-delà des conseils extérieurs ou des influences sociétales, nous apprenons à écouter notre propre voix intérieur. Nous devenons sujets de nous-mêmes. Comme le rappelle Aristote : « Un être est libre quand il est cause de lui-même... Est libre l’homme qui se possède lui-même. »
Liberté et intentionnalité
Avec la liberté, les actes que nous répétons nous transforment en laissant une trace.
Chacune de nos actions, émotions et pensées produit des changements dans nos tissus, organes, cellules et molécules.
Au début, nos créons des habitudes ; avec le temps, ces habitudes façonnent un mode de vie. Et ce mode de vie détermine, en grande partie, les résultats de notre existence.
Nous pouvons avoir différentes sortes de liberté et répétitions dans le monde de la Conscience Pathologique, dans celui de la Conscience Ordinaire, et dans celui de la Conscience Sophronique.

Tout dépend initialement de notre intentionnalité. Petit à petit, nous créons nos habitudes, ses habitudes amènent à une forme de vie créent notre caractère, notre façon d'être et, à long terme notre destin.
Avec la répétition nous pouvons acquérir cette liberté ou libre choix qui est différent d’être libre. On le voit avec tout apprentissage. Par exemple, une personne qui commence à jouer du piano trouve cela difficile au début, puis, avec la pratique ça devient plus simple, presque sans effort. Il va de même pour tout notre moi phronique : pour notre corps, notre esprit, notre conscience, et même notre âme.
C’est aussi valable pour les vertus, Socrate, Platon et Aristote l'enseignaient déjà : les vertus se gagnent seulement avec la répétition. Celui qui veut être vertueux y parvient par la répétition et fini par y arriver, c’est la répétition qui crée le changement.
C’est pourquoi il est important d’exercer notre liberté sur nos habitudes, afin de créer notre propre changement de vie.
Nous sommes libres d’adopter l’attitude que nous voulons malgré les circonstances.
Nous avons la liberté d’être la personne que nous voulons être à long terme.
Nous avons la liberté d’être la personne que nous voulons être chaque jour.
Le dévoilement de la conscience
La pratique régulière de la Sophrologie Caycédienne, entraînement du corps et de l’esprit, permet :
d’optimiser ses capacités et son efficacité au quotidien,
de développer la perception positive du corps, de l’esprit, des états émotionnels et des valeurs personnelles,
de découvrir sérénité et bien être.
Cette découverte par la vivance est toujours nouvelle et conduit à une évolution progressive des structures de l’être en 3 étapes :
1) La découverte de la conscience, comme énergie fondamental de l’existence.
2) La conquête progressive de la conscience.
3) La transformation de la conscience, permettant une nouvelle forme d’existence, une nouvelle quotidienneté, un nouveau possible, une nouvelle attitude dans la vie, plus libre et plus responsable dans la projection à l’existence.
Nous pourrions comparer les trois cycles de la Relaxation Dynamique Caycédienne aux étapes de métamorphose du papillon : Chenille - chrysalide - papillon.
La Liberté Phronique existentielle
Selon la phénoménologie existentielle propre à la Méthode Caycedo, la liberté phronique existentielle est la première essence de l’existence sophronique.
Le Dr. Caycedo définit les essences comme : « les structures sans lesquelles l’être ne peut pas être ».
Essences de la vie. Essences de l’existence
La vie humaine est composée de quatre essences pures :
La conscience phronique radicale
L’âme phronique radicale
Le corps phronique radicale
L’esprit phronique radicale
L’Existence Sophronique est composée de quatre essences pures :
La liberté Phronique Existentielle
La Tridimensionnalité Phronique Existentielle
La Responsabilité Phronique Existentielle
La Dignité Phronique Existentielle
La Liberté Phronique Existentielle se découvre et se conquiert avec la pratique de la RDC 9 et ses techniques phroniques spécifiques de transportation de la Journée Isocay Circadienne.
La Vivance
La vivance, c’est la rencontre du corps et de l’esprit dans la profondeur de la conscience, pendant la sophronisation, en se débarrassant des a priori, en accueillant tous les phénomènes qui apparaissent durant la séance, en lien avec nous-mêmes, dans la bienveillance, à l’écoute de ce qui se manifeste en nous. C’est la rencontre phénoménologique par la vivance.
Lors de la vivance, la liberté apparaît dans notre conscience comme des instants profonds, lorsque nous percevons notre capacité de libre choix. Elle est présente dans notre corps, dans notre conscience, dans notre moi qui se projette à l’existence, qui possède aussi ses cellules et ses molécules.
La pratique mène à une liberté consciente, une liberté acquise, à l’autocontrôle et nous donne la capacité de nous auto-diriger vers un but.
Grace à notre liberté, nous pouvons nous transformer nous-mêmes, nous libérer des chaînes et diriger le chemin de notre existence, de manière plus responsable.
Chacun de nous peut se préparer à être un sujet authentique face au monde qui nous entoure.
C’est à notre tour maintenant de se manifester dans le monde, d’exister vraiment avec les valeurs qui nous caractérisent et de nous projeter à l’existence, comme la chrysalide qui devient papillon.
Le moi qui se projette à l’existence (moïté)
Existence, depuis Aristote signifie « être dans la réalité ».
Selon la phénoménologie existentielle, l'existence signifie « être avec consistance, renforcé en soi-même, et en se projetant vers le dehors ».
Le STO parle d’un sujet ferme et stable, qui sort de lui-même et se projette vers le dehors.
Au lieu de rester dans l’in-sistence - c'est-à-dire exister dedans - il s'agit de s'ouvrir au monde.
Existence
Le mot existence provient du mot latin existere, qui signifie apparaître.
EX : vers le dehors
STO : être (être debout, en s’appuyant sur des fondements)
Ex-sister transmet l’idée de quelque chose qui « siste », c’est-à-dire qui a un être, puis qui sort (ex) de là pour exister, c’est-à-dire se manifester dans le monde.
Mot de la fin
« Le secret de l’existence se trouve dans le fait que le sujet ne perde pas sa propre force, sa propre consistance, sa dignité, sinon qu’il se maintienne comme sujet authentique face à l’objet qui lui est présenté, avec les valeurs qui le caractérise, et qui sort de lui-même et se projette vers le dehors. » - Dr Caycedo.
Isabel Favre - Cabinet SophroValais à Sion








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